On joue ? [pv Yggdrasil]

Il venait à peine d’arriver, mais déjà, il se sentait terriblement seul et perdu. Jusque-là, sa sœur s’était toujours occupée de lui, avait toujours été présente lorsqu’il avait eu besoin d’elle. A présent, elle n’était plus là et Alex devait vivre parmi des étrangers et des gens plus bizarres les uns que les autres. Au fond de lui, il était conscient de faire partie de ces personnes que lui-même qualifiait de bizarres, mais cela ne changeait rien au fait qu’il ne se sentait pas du tout à sa place. De plus, cet endroit était tellement grand et effrayant…Pas étonnant qu’il ait déjà fait plusieurs crises en un court laps de temps. Il voulait juste rentrer, retrouver le cocon familial dans lequel il se sentait en sécurité, même si ses parents s’étaient montrés plutôt distants, voire méchants, envers lui ces derniers temps.

Il serait bien resté dans sa chambre tout le temps, histoire de ne pas risquer une nouvelle crise, mais le personnel en avait décidé autrement. Il était obligé de sortir, du coup, le voilà en train d’errer dans les couloirs sans but réel. Au fur et à mesure qu’il avançait, il sentit son cœur battre de plus en plus fort. Il connaissait ces symptômes. Bientôt, la peur s’emparerait de lui et il se mettrait à paniquer. Il se mit à regarder par-dessus son épaule, anxieux, sursautant dès qu’il croisait le regard de quelqu’un. Sans doute que ce quelqu’un avait regardé en sa direction par hasard, mais dans l’esprit d’Alex, c’était calculé. Cette personne lui voulait du mal. Il devait donc s’en éloigner au plus vite. Alors, il se mit à courir comme s’il avait la mort aux trousses. Abby, où es-tu ? Viens me chercher !

Evidemment, sa sœur ne viendrait pas et n’entendrait certainement pas ses pensées. Pourtant, il voulait tellement qu’elle apparaisse devant lui, qu’elle vienne le serrer dans ses bras et qu’elle lui murmure des mots rassurants. Il voulait juste disparaître pour qu’on ne puisse plus le voir ni lui faire de mal. Il devait sortir de ce maudit couloir ! Alors, il finit par ouvrir la première porte qu’il vit et s’engouffra dans ce qui s’avéra être la salle de jeux. Il ne le réalisa pas tout de suite et se retrouva planté là comme un idiot en voyant des jouets et des jeux de toutes sortes, ainsi que des personnes s’amusant avec. Et puis, une fois le moment de surprise passé, la panique le reprit. On le regardait. Peut-être même l’avait-on suivi…Il ne réfléchit plus et se précipita vers un grand coffre à jouets, en vida le contenu et sauta dedans, se roulant en boule après avoir refermé le couvercle.

Il resta là pendant un moment indéfini, tremblant et tentant de se calmer. Ici au moins, on ne le trouverait pas et donc, on ne lui ferait pas de mal ! Bien évidemment, comme souvent dans ces moments-là, il finit par mouiller sa couche. Car oui, il portait des couches depuis quelques temps. Au début, il n’en portait pas systématiquement, mais à présent, il avait de plus en plus de mal à se retenir et à contrôler tout ça.
Bref, au bout d’un moment qui lui parut presque interminable, il ouvrit enfin le couvercle et osa jeter un œil à l’extérieur. La salle était presque déserte à présent. Alex émit un soupir de soulagement et sortir du coffre avant de se poser par terre. Il y avait des jouets un peu partout et pour tous les âges.

Lorsque son regard se posa sur un gros nounours, il ne put s’empêcher d’esquisser un grand sourire avant d’aller le chercher pour lui faire un gros câlin. Il en avait tellement besoin ! Il avait besoin d’être rassuré, réconforté…hélas, un nounours ne pouvait pas faire tout ça…
Alors, il se tourna vers la première personne qu’il vit. Une jeune fille qu’il ne connaissait pas, mais qu’importe. Oui, c’était assez paradoxal étant donné qu’il avait peur des gens en général..mais là, son besoin de réconfort était tout simplement trop fort.

« Dis, tu me fais un câlin ? »

Yggdrasil se sentait mal. Elle venait à peine de sortir d'une cellule d'isolement. Elle y était enfermée depuis son arrivée à l'Institut. Depuis environs une semaine. Son cousin, Faust, avait trouvé un malin plaisir de l'enfermée dans cette pièce blanche, sans fenêtre ni même porte visible. Il avait presque passé tout son temps avec elle. Lui injectant des produits calmants ou bien des drogues hallucinogènes pour s'amuser à la voir délirer. Et ces voix n'étaient même pas arrivées à prendre le contrôle pour la protéger de lui.. Elle avait peur.. Et avant finit par se recroqueviller sur elle-même, attendant que la torture se termine. Faust, finissant par s'ennuyer l'autorisa à sortir de sa cellule.

Elle était sale, avait des marques de coups, des bleus, et ses cheveux étaient gras, elle sentait mauvais. Elle se dirigea alors vers les douches. En voyant ça, Faust assigna une infirmière à Yggdrasil. La jeune femme avait l'obligation de laver la folle. Mais Faust, savait ce qu'il faisait, il avait toujours quelque chose derrière la tête. Et les doutes d'Yggy' se confirmèrent. Dans la douche, l'infirmière avait était très brutale avec elle. L'a lavant au gant de crin, cela faisait très mal. Elle finit même par coller Yggdrasil contre le mur, et à la toucher un tant soit peu sexuellement. Ce qui continua à terroriser la jeune patiente.

Pour la deuxième fois son calvaire était terminé. Elle errait lentement dans l'Institut. Pour se retrouver je ne sais trop comment dans la salle de jeux. Elle n'était pas aussi bête quand même... Elle se trouva un papier et un crayon. Et commença à écrire des lettres pour sa famille. Son père, sa soeur, et Alexander-Ange.

Quand soudain, un jeune garçon blond, il semblait désemparé, tout comme elle. Elle lui sourit tendrement, bien qu'elle n'aimait pas que des gens extérieur à sa famille la touche, ce garçon en avait vraiment besoin.

- Oui bien sur, que je vais t'en faire un

Elle le prit tendrement et délicatement dans ses bras, posant la tête du garçon contre sa poitrine, caressant les cheveux blond avec ces fins doigts et le berçant tout doucement.

- Comment t'appelle tu?

Alex avait désespérément besoin de réconfort et quand il était dans cet état-là, il en oubliait momentanément ses peurs diverses et variées. En fait, il pouvait passer facilement d'un état à l'autre, d'un extrême à l'autre et ce, sans s'en rendre compte. Parfois, il avait même l'impression de marcher dans le brouillard, de ne pas vraiment faire partie de ce monde ou alors d'observer ce qui se passait autour de lui comme à travers les yeux d'un autre. En gros, parfois, il avait l'impression que son corps ne lui appartenait pas, qu'il n'était qu'un simple observateur. C'était bizarre et sans doute assez difficile à expliquer, mais c'était comme ça.

Alors, lorsqu'il aperçut cette fille, il ne réfléchit même pas et lui demanda un câlin. Pourquoi elle ? Certes, il y avait peu de monde présent, mais il aurait très bien pu se diriger vers quelqu'un d'autre. Probablement parce que c'était une fille, pour commencer. Et les filles, ça lui rappelait sa soeur. C'était idiot parce que cette fille-là ne ressemblait pas du tout à Abby, mais au fond, quelle importance ? Avec de l'imagination, il pouvait la voir en chaque fille qu'il croisait.
D'ailleurs, cette inconnue semblait aussi gentille que sa soeur puisqu'elle accepta de lui faire un câlin, le tout en lui caressant doucement les cheveux.

Alex se sentait mieux, presque bien. A l'abri. Il ferma les yeux et s'accrocha à elle, profitant tout simplement de ce moment. Et puis, elle lui demanda comment il s'appelait. Il rouvrit les yeux et les leva vers elle sans prononcer le moindre mot. Il l'observait, un petit air fasciné sur le visage. Pourquoi était-il aussi fasciné par elle ? Il n'en savait rien, à vrai dire. Toujours était-il qu'il finit par lever une main pour venir lui caresser doucement la joue. en toute innocence, cela allait de soi.

"T'es gentille, toi ! Et jolie aussi ! Moi, je m'appelle Alex ! Et toi ?"

Il lui adressa un petit sourire avant de se blottir à nouveau dans ses bras. Il était bien, là...jusqu'au moment où la peur le gagna à nouveau. Comme ça, sans raison et sans prévenir. Comme toujours, en fait.

"Ils vont me faire mal ! Les laisse pas me prendre ! Les laisse pas !"

Il se mit à pleurer et à trembler, pris d'une réelle peur panique. Il avait lâché la fille et s'était mis à lancer des regards affolés autour de lui avant de pousser un cri en croisant le regard d'un autre patient. Et puis, il se précipita vers le coffre dans lequel il s'était caché tout à l'heure. Pour refaire la même chose. Ce n'était pas très confortable, mais il s'en fichait. Il avait fermé le couvercle et resta là, tremblant, attendant que ça passe...

Alex avait peur et sans raison. Après tout, personne n'avait essayé de lui faire du mal, là. Au contraire, il s'était retrouvé dans les bras d'une autre patiente et elle s'était montrée très gentille envers lui. Alors pourquoi ? C'était la question qu'il se posait depuis plusieurs années déjà et personne n'avait su lui donner de réponse, même pas lui. Il n'en pouvait plus, il voulait que ça change, que ça s'arrête et pourtant, il ne parvenait pas à maîtriser cette peur inexpliquée. C'était un véritable enfer.

Il s'était donc réfugié à nouveau dans le coffre à jouets en attendant de se calmer. Alors qu'il tremblait toujours, il entendit quelqu'un frapper doucement sur le coffre, le faisant sursauter. Et puis, la douce voix d'Yggi se fit entendre. Elle lui dit qu'elle était là pour le protéger, ce qui le rassura un peu. Toutefois, il ne comprenait pas sa dernière phrase. Pourquoi les infirmiers le puniraient-ils ? Ils étaient là pour l'aider, non ? Il ne répondit pas et attendit d'être un peu calmé avant d'ouvrir doucement le couvercle. Il croisa le regard de sa nouvelle amie et se sentit plus rassuré d'un coup.

"Pourquoi ils me puniraient ? J'ai rien fait de mal."

Il hésita un instant avant de sortir du coffre pour venir se blottir à nouveau dans les bras d'Yggi.

"Tu es gentille. Je t'aime bien ! Tu m'abandonneras pas, hein ?"

Il resserra un peu son étreinte. En fait, il avait peur de se retrouver à nouveau tout seul. Et puis, une fois réellement calmé, il la lâcha doucement et lui adressa un petit sourire.

"On joue à un jeu ?"